Lettres aux Frères et Soeurs Burundais

Chers Frères et Soeurs Burundais,

Surtout les jeunes, espoir du Burundi d’aujourd’hui et demain.

J’ai été ce matin visiter un camp des personnes qui fuient votre pays par peur de leur sécurité, car à voir ce que disent les médias, vous vivez actuellement une situation tendue qui peut dégénérer du jour au lendemain. Je souhaite qu’ils se trompent. 

Centre de transit de Gashora - Travaux de canalisation (Photo: Virgile U) 

Le centre de réception de Gashora

Comme au Rwanda en 1994, le monde vous regarde, comme il l’a fait pour le Rwanda en 1994, sans réagir, alors qu’il voyait venir ce qui allait être un génocide qui nous a pris un million de nos parents, frères et sœurs. Dieu vous en garde.

Le monde semble avoir déjà déclaré qu’un malheur peut s’abattre sur votre chère patrie d’une minute à l’autre. Mais moi, je suis convaincu qu’il y’a encore de l’espoir.

Il y’a encore de l’espoir pour votre pays, et cet espoir c’est TOI.

Toi qui parvient à lire ce message parce que tu es sur Facebook, WatsApp, et qui, selon moi, as un certain niveau de compréhension et d’amour de ta patrie; 

TOI qui peux comprendre que le frère/sœur, avec qui vous vous déchirez pour des raisons politiques, sera là quand t’auras besoin de lutter contre un incendie sur ta maison, alors que les dignitaires seront dans leurs villas ou bureau de permanence; 

TOI qui peux voir plus loin que le ventre, dans 10 ans, 20 ans et rêver d’un Burundi meilleur, où tu n’auras pas besoin d’expliquer à ton enfant pourquoi il/elle n’a pas de grand père, de grand-mère, de tante ni d’oncle.

TOI qui peux transcender et imaginer un Burundi où aucun de tes camarades de classe, de jeux dans le quartier (ou toi dans le pire des cas) n’auras pas besoin d’expliquer à son enfant pourquoi il/elle vient de faire 10 ans de prisons alors que les autres, vous êtes dehors à travailler pour vos familles,

TOI qui peux pousser l’imagination et voir un Burundi où un Président a eu ou n’a pas eu un troisième mandat sans que les voisins se déchirent et fassent des victimes inutiles; et surtout

Toi qui comprend que, peu importe ton parti politique, ton appartenance ethnique, ta région ou autre sorte de différence que les politiciens MAL INTENTIONES forgent pour vous séparer, vous êtes tous Burundais. Et que quand l’essence manque au Burundi, qu’il y’ait la famine ou une épidémie, les conséquences vous affectent sans demander qui est Hutu, Tutsi, CNDD-FDD, UPRONA, FRODEBU et j’en passe.

Que le Président reste au pouvoir pour un troisième mandat, un quatrième peu importe ou qu’il décide de laisser la place à un autre ; Soyez prudents, ne soyez pas pris au piège des politiciens mal intentionnés. Qu’ils ne vous impliquent pas dans les violences inutiles, surtout contre vos voisins, vos camarades de classe, collegues de travail.

Ne soyez pas dupes. Après tout un pays ca n’a qu’un seul président et pour votre cas deux vice-présidents et quelque ministres. Et ce n’est pas parce que tu t’es précipité dans la rue avec un bâton, des cailloux, un vuvuzela; que tu as amoché 2, 5 ou 8 de tes frères et sœurs que tu auras ta part du gâteau.

Ils sont beaucoup à vouloir le tapis rouge. Avant que tout le monde aient sa place sur le tapis arrive, Jésus sera revenu et aura emporté les siens, à moins que tu veuilles être président dans l’au-delà. 

Et si tu es ou t’as un ami Imbonerakure. Nous savons tous ce que le monde dit sur vous (eux). Vrai ou faux ; c’est à Eux de le prouver et l’histoire donnera raison.

Dis toi (lui) que je souhaite que, á l’opposé des Interahamwe de chez nous, le monde se souvienne des Imbonerakure comme un groupe de jeunes patriotes, qui, à un moment crucial de l’histoire de leur pays, ont su juger ce qui était digne, humain et opté pour la non-violence. Même si le monde et les medias étaient d’un avis différent.

Et Toi qui ne l’es pas, n’y a-t il pas encore de l’espoir de les approcher. Après tout c’est des voisins, des collègues de classe, de travail. Pas la peine de leur lire ce message, mais discutez de ce que TOI, tu en auras retenu, peut être que ceux là avec qui vous en discutez peuvent changer deux autres de leurs collègues. Et boum, deux autres à quatre autre, et huit et seize, … vous aurez sauvé le Burundi du malheur que les oiseaux de mauvais augure ont déjà déclaré sur votre mère patrie.

Je vous aime beaucoup et aimerais venir en Juillet, au Saga Plage, fêter avec TOI, les acquis de la démocratie, sachant qu’aucun Burundais ne pleure le sien qui aura péri durant les tracasseries qui entourent les élections.

Dieu vous bénisse.

Votre Ami et Voisin Virgile Uzabumugabo.